deliriuma
Messages : 606 Date d'inscription : 25/09/2009 Age : 44
| Sujet: Chapitre II Sam 10 Oct 2009 - 23:53 | |
| - Citation :
Récit de Collagène de Mégare Chapitre II
II. La grande bibliothèque d’Angora
Nous avions reprit la route vers Gordion et, derrière les armées sur quatre colonnes soulevant la poussière, derrière l’étendard de l’ouragos, cheminaient désormais des pèlerins ralliés à la quête d’Aristote qu’ils nommaient l’Esprit. Au cri de rassemblement « Dieu est avec noos » leur file s’allongeait de jour en jour, grossie du clan des Wilusa et de la tribu des Lukkas de Lycie.
Dans le berceau du roi Midas, le grand Alexandre, adepte des dénouements à l’épée força la prédiction et le jour suivant, nous atteignions Angora soumise sans combat sous la condition, que l’armée ne pénètre pas la citadelle. Passée l’enceinte des murailles, percées de quatre portes monumentales, la haute ville se dressait couronnée du palais royal et au pied de la nécropole la raison de notre venue en ces lieux : la grande bibliothèque car, attachée aux sandales d’Aristote, Oenoné nous avait divulgué l’existence d’un fragment de manuscrit qui se trouvait ici, révélant le périple du peuple originel. Derrière les colonnes de bronze de la galerie, l’ambiance enfumée et en proie à l’agitation la plus vive ne laissait pas de surprendre. Dans la salle de lecture des arts divinatoires nous fûmes témoins des pratiques les plus insolites : un devin penché sur une coupelle déchiffrait son destin au fil des volutes d’un marc de café gêné par son voisin, nécromancien qui consultait notre futur à travers une configuration d’os violemment jetés sur un lutrin tandis qu’un aruspice parcourais un avenir incertain dans les entrailles du poulet, gisant sur le pupitre. Penchés au dessus de la dépouille du volatile Callisthène et moi scrutions un aveu viscéral quand Aristote d’une clef experte nous arracha à cette douteuse contemplation. Au cœur de la pièce la plus sombre du Muséion, parmi les archives poussiéreuses : bestiaires fabuleux, tablettes d’argiles, grimoires, gros volumes, opuscules se trouvait la fameuse cédule. Le philosophe, fébrile s’en empara et il nous lut :
- Citation :
- « Le peuple du premier-né, dans son exil s’est déplacé d’est en ouest, aligné sur la course du soleil. Lorsqu’il parvint sur un plateau fertile, défendu par les contreforts d’une chaîne de montagne, une vingtaine de ruisseaux l’arrosaient ainsi qu’une rivière
Il est écrit transmettez à vos fils : fatigués d’errer depuis des lustres ils établirent leur camp en ce lieu mais alors le ciel s’obscurcit soudain puis un éclair déchira les ténèbres en deux et la Voix leur dit : humain de peu de foi, choisis entre trois fléaux des eaux, du feu et des sauterelles celui par lequel, toujours tu seras éprouvé par Dieu. Alors le peuple montrant le flot tumultueux qu’il nomma Daisan décida d’être secoué par ce malheur pour que jamais l’homme n’oublie de craindre le Très-Haut. Interroge ton père et il t’instruira, demande à tes ancêtres et ils te raconteront. Et pour qui écrirait-il, celui qui écrit ? Alors transmettons quelque peu de notre punition par nos écrits, à l’intention de ceux qui viennent après nous... Peut-être eux-mêmes craindront-ils et seront-ils ébranlés ? »
Ainsi, comme les chroniques le mentionnaient, Daisan était le nom de cet affluent de l’Euphrate autour duquel le peuple avait fondé la ville d’Urhai. | |
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